Dans le domaine exigeant de la sécurité alimentaire en restauration, chaque produit destiné à l'hygiène et à la désinfection doit prouver son efficacité et son innocuité. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSeS) joue un rôle central dans cette évaluation rigoureuse. Récemment, l'ANSeS a rendu ses conclusions concernant l'autorisation de mise sur le marché d'un adjuvant dénommé HIRAKI, dont l'objectif était d'optimiser l'action des désinfectants. Ses conclusions soulignent un principe fondamental : l'efficacité ne peut être tenue pour acquise sans preuves scientifiques robustes.

Qu'est-ce que l'adjuvant HIRAKI et à quoi était-il destiné ?

L'adjuvant HIRAKI se compose majoritairement d'eau (99,8 %), complétée par de faibles concentrations de laurylsulfate de sodium (SLS à 0,1 %) et de bicarbonate de sodium (0,1 %). Son utilisation était envisagée pour améliorer la performance des opérations de désinfection au sein des environnements de transformation alimentaire, plus spécifiquement pour lutter contre Listeria monocytogenes sur les surfaces en acier inoxydable, lorsqu'il est associé à des désinfectants à base de composés d'ammonium quaternaire (CAQ).

L'évaluation de l'ANSeS : Une analyse multifactorielle

L'ANSeS a procédé à une évaluation complète, examinant trois aspects cruciaux :

  • L'efficacité revendiquée : La principale question était de savoir si HIRAKI améliorait réellement l'action des désinfectants à base de CAQ contre Listeria monocytogenes.
  • Les risques pour la santé humaine : L'exposition potentielle des opérateurs et des consommateurs a été analysée.
  • Les risques environnementaux : L'impact de ses composants sur l'environnement a été étudié.

Un verdict clair sur l'efficacité

C'est sur le critère de l'efficacité que l'évaluation a abouti à une conclusion notable. Après examen des études fournies, l'ANSeS a constaté que les données n'apportaient pas la preuve que HIRAKI améliore la désinfection de Listeria monocytogenes par les désinfectants à base de CAQ sur les surfaces en acier inoxydable. En d'autres termes, les tests n'ont pas démontré que l'ajout de HIRAKI rendait le processus de désinfection plus performant que l'utilisation du désinfectant seul.

Risques sanitaires et environnementaux jugés acceptables

Concernant les autres aspects, l'ANSeS a jugé que l'utilisation de HIRAKI ne présentait pas de risques significatifs pour la santé des opérateurs, compte tenu des faibles concentrations des substances actives et des scénarios d'exposition. De même, aucun risque majeur pour la santé des consommateurs n'a été identifié, les résidus potentiels étant considérés comme minimes et en deçà des seuils toxicologiques. Sur le plan environnemental, le SLS étant biodégradable et le bicarbonate de sodium courant, l'impact a été jugé négligeable.

Conséquences et leçons pour les professionnels

En l'absence de démonstration d'une amélioration de l'efficacité, l'ANSeS a conclu à l'absence de justification pour l'autorisation de mise sur le marché de HIRAKI en tant qu'adjuvant de désinfection. Cette décision est un rappel important pour tous les acteurs de la restauration et de l'agroalimentaire : l'adoption de tout nouveau produit d'hygiène doit impérativement reposer sur des preuves scientifiques solides de son efficacité. La simple innocuité ne suffit pas ; la capacité réelle du produit à atteindre ses objectifs de sécurité alimentaire est primordiale.

Il est essentiel que les professionnels se réfèrent toujours aux fiches techniques, aux homologations et aux avis d'organismes compétents comme l'ANSeS pour choisir leurs produits, garantissant ainsi le respect des protocoles HACCP et la protection de la santé publique.

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