La crise énergétique actuelle représente un défi majeur pour l'ensemble du secteur de l'hôtellerie-restauration. Tandis que les établissements s'efforcent de maîtriser leurs dépenses d'énergie – qui peuvent représenter jusqu'à 10% de leur chiffre d'affaires – il est fondamental que ces efforts ne compromettent en aucun cas les standards essentiels de la sécurité alimentaire et de l'hygiène. Pour les professionnels de la restauration, la recherche de l'efficacité énergétique doit impérativement s'inscrire dans le cadre strict des principes HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point).
La chaîne du froid : un enjeu énergétique et sanitaire majeur
Les équipements de froid (chambres froides, réfrigérateurs, congélateurs) sont parmi les plus gros consommateurs d'énergie dans une cuisine professionnelle. Leur bon fonctionnement est toutefois un pilier de la sécurité alimentaire, garantissant la conservation optimale des denrées et prévenant le développement bactérien. Tout dysfonctionnement lié à une surconsommation, à des pannes ou à une maintenance négligée peut avoir des conséquences désastreuses :
- Rupture de la chaîne du froid : Une température inadéquate peut rendre les aliments impropres à la consommation en quelques heures.
- Non-conformité HACCP : Les relevés de température des Points de Contrôle Critiques (CCP) seraient en dehors des seuils acceptables, signalant un risque imminent.
- Gaspillage alimentaire : Des produits gâtés entraînent des pertes économiques importantes et nuisent à l'image de l'établissement.
L'investissement dans des équipements de froid récents et classés pour leur performance énergétique devient donc une stratégie doublement gagnante : réduire la facture d'électricité tout en renforçant la fiabilité du système de conservation des aliments.
Cuisson et maintien au chaud : efficacité et maîtrise des risques
Fours, plaques de cuisson, friteuses, étuves… La cuisson et le maintien au chaud sont d'autres postes énergivores cruciaux. La maîtrise des températures est ici directement liée à l'élimination des micro-organismes pathogènes et au maintien des qualités organoleptiques des plats.
Les risques associés à une gestion énergétique inadéquate :
- Cuisson insuffisante : Des équipements sous-dimensionnés ou mal entretenus peuvent ne pas atteindre les températures à cœur nécessaires pour tuer les bactéries.
- Maintien au chaud problématique : Une température de maintien inférieure à 63°C favorise la prolifération bactérienne, transformant un plat sûr en un danger potentiel.
L'adoption de fours à basse température, d'inducteurs ou de systèmes de cuisson sous vide peut non seulement réduire la consommation d'énergie mais aussi améliorer la précision des cuissons, offrant une meilleure régularité et une sécurité alimentaire accrue.
Hygiène et nettoyage : l'énergie au service de la sécurité
L'eau chaude est indispensable pour de nombreux processus d'hygiène : lavage des mains, plonge manuelle, fonctionnement des lave-vaisselle professionnels. Les systèmes de ventilation, quant à eux, assurent une bonne qualité de l'air en cuisine, évacuant graisses et vapeurs.
Une volonté d'économie d'énergie mal orientée pourrait conduire à des températures de lavage insuffisantes ou à une ventilation déficiente, avec des conséquences directes sur l'hygiène :
- Nettoyage et désinfection inefficaces : Vaisselle, ustensiles et surfaces mal nettoyés deviennent des vecteurs de contamination croisée.
- Développement de moisissures : Une mauvaise ventilation favorise l'humidité et la prolifération fongique, nuisant à la salubrité de l'environnement de travail.
Il est primordial d'investir dans des lave-vaisselle professionnels performants et économes en eau et en énergie, mais garantissant toujours les cycles de lavage et de rinçage aux températures requises pour une désinfection optimale. La maintenance régulière des hottes et des systèmes de filtration est également essentielle pour l'hygiène et l'efficacité énergétique.
La formation du personnel : clé d'une approche intégrée
Au-delà des investissements matériels, l'implication du personnel est fondamentale. Une formation à la fois sur les bonnes pratiques d'économie d'énergie (éteindre les équipements inutilisés, optimiser le remplissage des fours et lave-vaisselle) et sur le respect rigoureux des procédures HACCP permet d'intégrer ces deux dimensions. Le personnel doit comprendre l'interdépendance entre la gestion de l'énergie et la sécurité sanitaire des aliments pour agir de manière responsable.
Conclusion
La recherche de la performance énergétique est une nécessité économique et environnementale pour la restauration. Cependant, elle ne doit jamais se faire au détriment des impératifs de la sécurité alimentaire et de l'hygiène. En adoptant une approche intégrée qui privilégie les équipements modernes, une maintenance rigoureuse et une formation continue du personnel, les professionnels peuvent transformer les défis énergétiques en opportunités, garantissant à la fois la rentabilité de leur établissement et la confiance de leurs clients.
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